GROUPE GUTT
Mémoire de Raymond Bailly, alias "Bacchus"
Période allant du 9 juin 1944 au 10 juillet 1944
Avant cette période, j’ai participé en compagnie de Raymond Daloz (alias « Suzie ») à de nombreuses expéditions de nuit sur la route de Lons dans la Doye.
Notre boulot consistait à écrire des slogans sur le bitume et à dessiner des croix de Lorraine à la peinture.
Nous avons eu de nombreuses alertes mais tout s’est bien terminé. Nous avons également collé des dizaines d’affiches et arraché celles de Pétain.
__________
Première étape
Le mardi 13 juin 1944, à la demande de Gutt, nous quittons Pont-de-Poitte vers 17 heures. Nous sommes une vingtaine environ, nous avons réquisitionné un camion des minoteries Sauvin, nous avons également une voiture.
Nous partons à Mérona par La Tour du Meix et Plaisia. Nous arrivons vers 18 heures. Comme armement, nous avons un FM, quatre mitraillettes, deux fusils allemands, deux fusils de chasse et quelques revolvers. Monsieur le Maire ne voit pas sans quelques craintes ces maquisards venir s’installer dans la commune et surtout dans les dépendances de son château. Le Maire est Monsieur de Mérona. Quelques jours plus tard, devant la correction et la discipline des hommes, il se mettra, ainsi que les habitants de Mérona, à l’entière disposition de leurs chefs Auguste Granger alias « Gutt «, Fernand Mamy alias « Grand-Père » et François Clerc alias « Do ».
Les jours suivants, quelques gars de Pont-de-Poitte viennent nous rejoindre et sont rapidement initiés au maniement du FM et des diverses armes que nous possédons.
Des mesures très sévères de prudence sont données pour leur utilisation.Le groupe n’aura d’ailleurs jamais le moindre accident à déplorer. Les règles d’hygiène sont observées et le cantonnement est dans un état parfait de propreté.
La nourriture est bonne et suffisante. Aucune réquisition abusive n’est faite et les cultivateurs nous en sont reconnaissants.
Durant notre séjour, nous effectuons deux sorties pour le ravitaillement.
Deuxième étape
Le 22 juin, nous quittons Mérona pour Nantey ( par Plaisia, Orgelet, Chavéria, Nancuise, Marigna, Andelot ), nous couchons dans une grange à Montrevel dans la nuit du 22 au 23 juin.
Nous sommes rejoints à Orgelet par un groupe qui cantonnait dans les bois de Dampierre. Ce groupe comprend Marcel Malin alias « Moustique » et Robert Troly alias « Bébert » , ils ont avec eux vingt cinq gars de Conliège, Perrigny et Lons. Nous sommes maintenant plus de soixante-dix, correctement armés et épaulés par les groupes Henri et Clément.
Nous avons un parachutage dans les environs de Saint-Julien et une réquisition de camions dans le secteur de Cuiseaux.
Presque toutes les nuits, en collaboration avec les groupes Henri et Clément puis Frédo, nous allons sur la voie ferrée Bourg-Lons dévisser les rails ou poser du plastic.
Nous aurons deux accrochages avec le train blindé que nous ne parviendrons pas à intercepter.
Nous tentons également d’intercepter la grue, mais quand elle arrive, elle est accompagnée d’une forte équipe de protection et nous devons nous replier. C’est également les Allemands qui ouvrent le feu pendant notre retour, mais sans pertes pour notre groupe.
Le 8 juillet, au cours d’une descente que nous avions effectuée sur la gare de Saint-Amour pour récupérer des marchandises sur un train que nous avions fait dérailler, un de nos camarades, Fernand Bailly, trouve la mort dans un accident.
COMBAT DE BRILLAT
Le 10 juillet, les Allemands ayant concentré des troupes en vue d’une opération sur le Maquis du Haut-Jura, nous recevons l’ordre de nous porter sur Orgelet où nous arrivons le soir vers 18 h, avec 2 mitrailleuses, 2 FM fusils et mitraillettes. A chaque côte assez sérieuse, nous devons soulager la camionnette trop lourdement chargée.
Nous avons dû faire une cinquantaine de kilomètres, souvent à travers bois, les routes normales étant coupées.
Les renforts des groupes « Henri » et « Liberté » nous rejoignent à Orgelet et nous apprenons que les quelques camions d’Allemands sont en réalité une colonne assez considérable qui est stationnée à Poids-de-Fiole, où elle doit passer la nuit.
On nous propose de l’intercepter entre Poids-de-Fiole et Orgelet. Ce parcours ne se prêtant pas à une embuscade, surtout en considération de l’importance de la colonne ennemie, Gutt décide de décrocher.
C’est une section du groupe Pigeon, qui elle aussi est venue en renfort d’assez loin qui en fera les frais, sous le commandement du sous-lieutenant Jean. Elle s’en tirera assez correctement et avec beaucoup de veine.
De notre côté, on nous propose les routes Orgelet-Moirans ou Orgelet-Arinthod. Gutt opte pour la route Orgelet-Moirans, les groupes « Henri » et « Liberté » partent sur la route Orgelet-Arinthod.
Après un repas sommaire, nous faisons route sur Brillat à la nuit tombante et chacun se débrouille comme il peut pour passer la nuit car il pleut.
Au jour, Gutt part avec Bébert reconnaître des positions. Nous décidons de nous installer sur la rive droite de l’Ain. Les mitrailleuses sont installées au sommet d’une falaise rocheuse à une portée de 500 à 600 mètres et les FM et les fusils en contrebas de la falaise au-dessus de la rivière d’Ain. Les deux positions sont plus élevées que la route où doit passer la colonne allemande et la rivière nous en sépare. Le bois derrière nous offre un repli sûr. Deux sentinelles sont placées de l’autre côté du bois sur Onoz pour surveiller les routes et éviter toutes surprises par derrière. Tout est prêt. Nous avons faim et rien à manger.
Vers 10 h, Gutt décide de partir sur Moirans en camionnette pour aller chercher du ravitaillement. A Moirans, affolement général, une colonne allemande est signalée ayant déjà dépassé Clairvaux. A Brillat, nous sommes arrêtés et nous trouvons le Lieutenant Hervé et le Lieutenant Jean qui nous disent qu’aucune colonne allemande n’est signalée sur la route d’Orgelet-Moirans et que nous pouvons quitter nos positions pour nous installer ailleurs.
Grosses erreurs des services de renseignements, car les Allemands sont en ce moment à moins de 2 kilomètres de Brillat. Nous regagnons en toute hâte nos positions. Les détachements allemands signalés sont les éléments précurseurs d’une colonne forte de 97 camions et 250 cyclistes.
La camionnette réussira à passer au nez et à la barbe des premiers soldats allemands. Quelques instants après, une fusillade éclate du côté de Brillat après le Pont. Les Allemands font sauter le barrage au sommet de la Malapierre et les premiers camions ne tardent pas à arriver. Ils se regroupent avant de passer le pont en un convoi impressionnant. A midi, ce dernier s’ébranle, traverse l’Ain puis Brillat et attaque lentement la côte sur la rive gauche, précédé par les cyclistes qui ne tardent pas à mettre pied à terre.
Nous sommes aux premières loges pour suivre cela et nous attendons avec impatience l’ordre d’ouvrir le feu. Nous devons attendre que le dernier camion franchisse le pont. En tête de la colonne, les premiers cyclistes arrivent en vue du barrage situé au 2\3 environ de la côte. Ils sont accueillis par une rafale de FM des gars du groupe André, qui mal placés, ne peuvent tenir bien longtemps. Tous les Allemands se sont couchés sur la route. Quelques uns ne se relèveront pas. La riposte ne se fait pas attendre, on sent qu’ils ne sont pas à cours de munitions. Le deuxième barrage vient à son tour de céder et le convoi s’ébranle à nouveau.
Il ne reste plus beaucoup de camions sur notre rive droite. C’est bientôt à nous de faire du bruit. A 14 h00 exactement, le dernier camion vient de quitter Brillat, nous en comptons en face de nous 35 qui composent la queue du convoi.
Gutt dit à Niard : »Tu peux y aller » et notre mitrailleuse prend la parole tout de suite accompagnée par toutes les armes du groupe auquel le silence forcé commençait à peser sérieusement.
Les Allemands dégringolent des camions après les avoir stoppés. Ils ne se rendent pas compte sur le moment d’où leur vient cette fusillade nourrie. Ils utilisent les moindres défauts du terrain pour s’y réfugier et pensent alors à nous répondre avec tout leur armement, y compris des canons. Mais nous bénéficions d’une situation privilégiée, nous sommes plus élevés qu’eux et surtout mieux abrités. Leurs balles explosives viennent éclater sur le rocher en dessous de nous ou nous passent au ras de la tête. Les obus explosent contre le rocher ou loin derrière nous dans le bois. A 14 h40, Gutt fait replier les FM et fusils de la plate-forme sur laquelle les Allemands concentrent leurs tirs. Tout se passe bien et dans un ordre parfait, sous la protection des mitrailleuses du sommet. A 14h50, les canons qui ont rectifié leur tir nous serrent de près. Nous décrochons à notre tour et rejoignons les copains à la clairière pendant que les Allemands continuent à faire feu de toutes leurs pièces sur nos anciens emplacements.
Nous sommes au complet sans une égratignure. Les Allemands finalement cessent le feu et on entend bientôt les ventilateurs de leurs gazos, ponctués de coups de masse sur les moteurs des camions devenus inutilisable. Gutt pousse une reconnaissance aux rochers, les Allemands regrimpent déjà dans leurs camions.
Nous sommes encore riches en munitions et le carton est bien tentant. Gutt n’y résiste pas. Il fait remettre tout le monde en position sur les rochers et à 15h20, le tir reprend toujours aussi nourri. C’est l’affolement général de l’autre côté, les camions sont évacués à grande vitesse. L’un d’eux cependant semble vouloir continuer la route. Sollicité par notre mitrailleuse, il ne tarde pas à stopper et à se vider de ses occupants, mais un de leurs canons est revenu et son tir d’entrée se révèle assez précis. Ordre est donné de décrocher rapidement. Il est 16h00. Nous nous replions sous bois que le canon pilonne toujours, mais nous atteignons Onoz sans accroc.
Nous nous retrouvons au grand complet et sans la moindre écorchure dans la salle de l’unique café du pays. Nous allons enfin pouvoir manger et boire et même fumer une cigarette. Les gens du pays nous apportent à profusion œufs, beurre et fromage, auxquels nos estomacs vides depuis la veille à midi font grand honneur.
Ce sont 25 maquisards du «Groupe Gutt » qui ont tenu en haleine toute une colonne allemande. Quinze camions ont été détruits, cent cinquante allemands ont été tués ou blessés. Mais nous avions dû abandonner notre camionnette tout près du Bourget et pour la ramener, si elle y est encore, il faut utiliser la grande route, ce qui n’est pas sans danger. Deux volontaires « Tête de bielle » et « Loulou » sont volontaires pour aller la chercher. Gutt les laisse partir et deux heures plus tard, ils sont de retour avec la camionnette’.
Des volontaires se proposent pour la garde qui sera assurée aux abords du pays pendant que les copains passeront une bonne nuit sur la paille. Au petit jour, la camionnette lourdement chargée repart pour Nantey, se délestant à chaque côte de ses passagers que la bonne humeur ne quitte pas.
En traversant les villages, nous sommes l’objet de nombreuses ovations. En arrivant à Nantey, nous apprenons que d’autres camarades du groupe « Libre Jura » sont partis en renfort dans l’Ain. Ils ne rejoindront le groupe qu’une quinzaine de jours plus tard. Ils participeront à plusieurs accrochages dont celui d’Echalon. Malheureusement, l’un d’eux ne reviendra pas, il s’agit de Jean Valentin « Tintin » de Pont-de-Poitte. Il faisait partie de l’équipe de protection du parachutage d’Echalon.
Quelques jours après, on nous signale que de petits convois allemands font la navette entre le Jura et l’Ain par Orgelet-Moirans ou Orgelet-Cernon. Nous décidons de nous rapprocher. Le 19 juillet, c’est un convoi imposant composé de trois groupes : « Libre Jura », « Liberté » et « Henri »qui traversera les villages sous les yeux étonnés des populations surprises de voir un tel rassemblement de maquisards. Le groupe « Henri » à Viremont. Les 3 groupes comptent maintenant au total 400 hommes les mieux armés du Jura.
Fin juillet, une de nos patrouilles signale des camions allemands faisant route entre Orgelet et Moirans et demande du renfort pour les attaquer au retour. Deux sections armées partent immédiatement. Elles attendent en vain le convoi qui fait retour par Cernon. D’Arinthod, on nous les signale en fin d’après-midi, faisant route de notre côté. L’alerte est donnée. Tous les hommes disponibles sont armés et envoyés en position pendant qu’au cantonnement, tout est éteint et fermé. Bonne précaution car une section allemande empruntant un chemin de bois traversera le pays tout à l’heure. Craignant d’avoir à bagarrer dans le village, nous le faisons évacuer par ses habitants. L’un d’eux qui voudra y revenir tombera sur les Allemands qui l’emmèneront et l’exécuteront le lendemain matin d’une rafale de mitraillette dans le dos, après lui avoir soi-disant rendu la liberté.
Mais nous avons été alertés un peu trop tard et les Allemands sont plus près qu’on ne nous les avait signalés. Ils sont déjà engagés dans le chemin venant à Viremont . Aussi une section montant en position est accueillie à 2 kilomètres de Viremont par une rafale de mitrailleuses qui n’atteint personne. La pluie serrée et la nuit tombante rendant la visibilité très mauvaise, avaient empêché une autre de nos mitrailleuses en position de tirer sur les Allemands. C’est un copieux arrosage d’un de nos FM qui oblige les Allemands à se retirer.
A la faveur de la nuit, ils récupèrent les cadavres et retournent à Onoz où ils s’installent pour la nuit, après avoir incendié la ferme isolée de la Folatière.
Ils ne sont qu’à 3 kilomètres de nous. Malgré la pluie, nous restons en position toute la nuit. Toutes précautions sont prises pour les accueillir. Les renforts arrivés des groupes « Henri » et « Frédo » nous font même désirer leur visite. Nous demandons aux gens de Viremont de ne pas regagner leurs maisons. Au matin, l’officier allemand se faisant accompagner par le maire d’Onoz vient reconnaître la route de Viremont.
Après avoir longuement contemplé les sommets qui l’entourent, il se retourne vers le maire et lui dit : « Non, nos camions ne pourraient pas monter, quel dommage ».
Un peu plus tard, ils quittent Onoz non sans incendier plusieurs fermes. L’alerte est finie, nous regagnons le cantonnement trempés, comme jamais nous ne l’avons été. Les habitants de Viremont regagnent leur village, heureux de s’en tirer à si bon compte.
Courant août, la libération de Lons-le-Saunier est enfin envisagée. Tous les maquis du Jura y prendront part. Le groupe « Libre Jura »y participe avec tout son armement. Le groupe prend position derrière la gare, dominant tout le quartier avec ses hôtels occupés par la Gestapo, la feldgendarmerie et la milice.
Après être venus en camions le plus près possible, nous faisons à pied les derniers kilomètres. Nous ne sommes pas encore en position quand l’attaque est déclenchée. Nous nous installons rapidement et prenons part au grand concert.
Nous assistons à un feu d’artifice grandiose. Alors que nous nous préparons à entrer dans Lons, on nous signale que depuis un moment déjà, l’ordre de repli a été donné. Incroyable mais vrai. La pilule est dure à avaler. C’est à mon avis la plus grosse couanerie qu’il puisse y avoir.
Les maquisards étaient assez nombreux pour faire capituler les boches. Et les incendies d’immeubles et les massacres de la rue des Ecoles auraient été évités.
GUTT GRANCHER
Né à Pont-de-Poitte. Pilote remarquable par son habileté, son sang-froid et son audace. Cité à l’ordre de l’armée le 10 juin 1949 (Croix de Guerre avec palme). Le 27 mai 1940, au cours d’une mission en territoire ennemi, a eu son appareil atteint par des balles incendiaires. A réussi, le feu à bord, à repasser les lignes et à se poser en campagne, sauvant ainsi la vie de son équipage.
________________
Citation à l’Ordre de l’Armée le 26 novembre 1945 par le Chef du Gouvernement provisoire de la République.
Résistant de la première heure, ne perdit jamais la claire vision de ses devoirs et sut les accomplir avec courage et dévouement. S’est particulièrement distingué à Pont de Brillat lors de l’attaque de la 157ème division allemande(juillet 1944).
Citation à l’Ordre de la Division. Ordre général n°33 du 13 décembre 1945 de la 8ème région militaire.
Pionnier du réseau. A organisé les différents services : renseignements, parachutages, maquis, transmissions.
Arrêté à Lons-le-Saunier par la milice, a subi de longues heures d’interrogatoires et de torture sans dévoiler aucun secret.
Condamné à mort ; a réussi une évasion digne d’éloges mettant en émoi les résistants du Jura.
Croix de Guerre avec étoile d’argent.
____________________
Citation à l’Ordre de l’Armée. Décret du 1er avril 1946.
Grande figure de la Résistance, organise dès 1940 les centres de Résistance de Clairvaux, Moirans, Orgelet, Saint-Claude, Arinthod, Conliège, comme chef de secteur « Combat et Franc-tireur ».
En 1943, premier adjoint des agents britanniques parachutés en France, assure avec les départements du Jura, et Doubs et de la Côte d’Or de nombreux parachutages de personnel et d’armes. Prend part à divers sabotages, au transport des armes, à l’exécution d’agents de la Gestapo, puis effectue les liaisons avec la Suisse où il passe les courriers, émissions clandestines de radio.
Soupçonné en 1941, condamné à mort par la Gestapo en 1942, abandonne sa famille, réussit à s’échapper de justesse à Dole le 14 mai 1942, pris à nouveau à Lons-le-Saunier le 30 mai par la milice, arrive à s’échapper le matin de son exécution après avoir subi, sans divulguer aucun secret, plusieurs heures de torture et d’interrogatoires. En juin 1944, organise le groupe « Libre Jura » et participe à toutes les actions militaires du Jura et de l’Ain.
Se distingue particulièrement à l’attaque de Brillat le 11 juillet 1944 où avec une section, il stoppa pendant 2 heures une colonne allemande se dirigeant de Lons-le-Saunier sur l’Ain, neutralisant 25 camions et où de nombreux soldats allemands furent tués. Il parvint à décrocher sans aucune perte, sous le feu nourri de l’adversaire.
Croix de Guerre avec palme.
______________________
Citation à l’Ordre de l’aviation de Renseignements du 29 octobre 1954.
Officier pilote de belles qualités morales et d’une très grande conscience professsionnelle. Par son expérience, jointe à une droiture et à un sens du devoir digne des plus grands éloges, s’est imposé à tous comme un modèle. S’est particulièrement distingué le 3 septembre 1954 en évacuant deux blessés de nuit du terrain de La-Hai.
Le 3 juin 1954, en recherchant un Dakota dans la région de Dong-Bo et en assurant, après l’avoir trouvé, sa surveillance et sa protection.
Totalise en Indochine, 66 missions de guerre n° 2 et 132 heures de vol.
Croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieures avec étoile de vermeil.
_______________________
Citation à l’Ordre de la brigade Aérienne, ordre général n°49 du général Jouhaud.
Officier pilote qui n’a cessé tout au long de son séjour, de faire preuve des plus belles qualités morales et professionnelles.
S’est particulièrement distingué le 11 juillet 1954 en effectuant une reconnaissance à vue basse altitude de la région de Lug-Nam, malgré une violente réaction des armes automatiques rebelles.
Les 13 et 23 juillet 1954, en évacuant de nuit 4 blessés des postes d’Hono et des 7 pagodes, malgré les conditions atmosphériques défavorables.
Totalise en Indochine, 103 missions de guerre n°2 en 190 heures de vol dont 37 missions de guerre n°2 en 58 heures de vol depuis sa citation.
Croix de Guerre des T.O.F. avec étoile de bronze.
__________________
Après son retour d’Indochine, Gutt fut affecté aux environs de Paris. Il n’oubliait pas son cher Jura où il revenait en permission le plus souvent possible…Ce fut là qu’il avait rendez-vous avec son destin, quelque part entre Saint-Amour et Lons…Un virage pris un peu vite…Un accident banal…Et celui qui avait bravé tant de fois la mort fut cueilli par elle …
Certes, de tels hommes ne meurent généralement pas dans leur lit…Gutt serait tomber au combat ou (en plein ciel de gloire) que nous nous serions plus facilement inclinés…Quoiqu’il en soit, il est parti bien trop tôt !...Nous tous qui l’avons aimé et qui le pleurons, nous conserverons à jamais au coeur son souvenir et son exemple !...