Alors même que continue, en ce 2 mars 1945 la guerre contre le nazisme, nait l’Association «Les Amis des Francs-Tireurs et Partisans Français » (FTPF), rassemblant les anciens combattants clandestins de l’une des principales composantes des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.), ainsi que ceux qui leur manifestent alors leur sympathie - la guerre n’est pas finie ; son président est Charles Tillon, alors ministre de l’Air, et son journal est France d’Abord. Modifiant son nom à plusieurs reprises, elle prend le 26 mars 1948 celui d’« Association Nationale des Anciens Combattants des Forces Françaises de l’Intérieur, Francs-Tireurs et Partisans Français et de leurs Amis », regroupant les anciens FTPF, mais aussi nombre des anciens membres de l’un des principaux mouvements de résistance, né en mai 1941, le « Front national de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France ».
En 1952, la Conférence nationale de Villejuif de cette association décide un premier élargissement à toutes les composantes et formes de lutte de la Résistance (mouvements, réseaux, maquis, groupes de combat urbain, propagande clandestine…), et l’association prend alors le nom d’« Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance Française (fondée par les anciens F.F.I-F.T.P.F.) ». Mais, ce n’est que deux ans plus tard, à son congrès de Limoges de 1954, qu’elle prendra véritablement la configuration pluraliste que nous connaissons actuellement. En 1956, elle prendra simplement le nom d’« Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) ».
Depuis ce congrès de Limoges se côtoieront à sa Direction et dans son Comité d’honneur pendant ces six décennies, Pierre Villon, secrétaire général du Front National clandestin, ancien vice-président du CNR et président du COMAC, Albert Forcinal, Résistant-déporté, ancien ministre, l’Amiral Moullec, ancien chef d’État-major des Forces Navales Françaises Libres, le Général Joinville, ancien chef d’état-major national des FFI, Vercors, grande figure de la Résistance intellectuelle, la générale Delestraint, veuve du chef de l’Armée Secrète, des femmes et des hommes aussi divers que Lucie Aubrac, Madeleine Braun, Martha Desrumeaux, Claude Gérard, Ségolène Malleret-Joinville, Cécile Rol-Tanguy, Henriette Dubois, Raymond Aubrac, Vincent Badie, Claude Bourdet, André Carrel, Laurent Casanova Jean Cassou, Jacques Chaban-Delmas, Robert Chambeiron, René Char, Louis Cortot, Jacques Debu-Bridel, les Généraux Angenot, Binoche, de la Bollardière, Casso, Fernandez, Le Corguillé, Martin, Plagne, Roubertier, Tubert, et Valin, Charles Fournier-Bocquet, Robert Galley, Auguste Gillot, l’abbé Glasberg, Gilbert Granval, Georges Guingouin, Léo Hamon, Maurice Kriegel-Valrimont, Joël Le Tac, Edmond Michelet, Albert Ouzoulias, le colonel Passy, Jean Pierre-Bloch, colonel Henri Rol-Tanguy, l’Amiral Antoine Sanguinetti, Pierre Sudreau, François Tanguy-Prigent, Louis Terrenoire, Mgr Théas, André Tollet, Louis de Villefosse… et bien d’autres.
Pendant ces six décennies, l’ANACR, qui rassembla des dizaines de milliers d’anciens Résistants de toutes appartenances ainsi que des Français Libres, a mené une lutte de tous les instants pour honorer la mémoire des Résistants tombés dans le combat patriotique et antifasciste pour libérer la France et abattre le nazisme, pour perpétuer leur exemple et les valeurs patriotiques, humanistes, démocratiques et de solidarité qui les animèrent et que concrétisa le Programme du Conseil National de la Résistance, pour s’opposer aux menaces de guerre, de résurgence du fascisme et du racisme, au négationnisme, pour défendre des droits des Résistants et que soient reconnus leurs services, pour l’instauration d’une Journée nationale de la Résistance, le 27 mai, inscrivant la Résistance dans le calendrier mémoriel.
Et, lors de son congrès tenu à Limoges en octobre 2006, l’ANACR décida d’ouvrir ses rangs aux Ami(e)s de la Résistance, c’est-à-dire des femmes et des hommes des générations qui ont suivi celle des Résistants et qui, en partageant les valeurs, ont manifesté la volonté de partager et poursuivre leur combat, devenant l’« Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance ».
Ainsi, en ce début de XXIe siècle, alors qu’hélas le nombre des Résistantes et Résistants s’amenuise, l’ANACR, grâce aux Ami(e)s de la Résistance, pérennise la mémoire de leur combat et le poursuit aujourd’hui contre les résurgences du fascisme, contre la xénophobie et le racisme, pour la paix et pour faire vivre les valeurs démocratiques, sociales et humanistes du Programme du Conseil National de la Résistance.